PREFACE DE JEAN-DENIS BUDIN, INITIATEUR DU CRI-REVE

Nous avons été les témoins en cet été 2022 des épuisements de la planète. Mais il arrive un phénomène similaire aux habitants de cette planète. Ils s’épuisent de plus en plus.

Nous sommes continuellement les témoins de débauches de violence : suicides, assassinats, tueries de masse, complots, guerres, etc.

Nous crions. Un CRI se justifie devant tant de gâchis de vies humaines. Ce cri vient du C.R.I. (CREDIR Research Institute), un think tank interdisciplinaire que j'ai cofondé en regroupant des médecins, des chercheurs, et des praticiens du monde du travail.

Au-delà du cri, nous souhaitons partager ici notre REVE de trouver des solutions concrètes pour prévenir ces gâchis.

Mais évoquons d’abord cette décennie étonnante et inspirante qui vient de s’écouler.

Du burn-out à la thèse : une histoire insolite. ACTE 1.

Il y a 10 ans je soutenais ma thèse EDBA à l’Université de Paris-Dauphine. Sans les médecins et amis, Patrick Muller (RIP) et Benoît Gillain, il n’y aurait pas eu de thésard. Sans le jury, Géraldine Schmidt, Pierre Romelaer et Claude-Maxime Weil, il n’y aurait pas eu de thèse. Sans Antoine Latham des DNA et bien d’autres Alsaciens qui avaient fait le déplacement à Paris (pleine page dans le quotidien régional alsacien du 14 juin 2012 : « une thèse soutenue par un chef d’entreprise alsacien »), il n’y aurait pas eu les suites que la médiatisation a permises.

Merci à tous ceux qui étaient là par un beau jour d’été à Paris. Merci à la famille et aux amis pour leur soutien. Merci à tous ceux qui ont rejoint le chemin depuis.

Je ne comprenais pas bien comment un cerveau avait pu accoucher de 520 pages alors que, 4 ans auparavant, j’avais sombré dans le burn-out et 24 mois de perte de toute capacité de mémorisation. Ce cerveau était très endommagé par des années de manques de sommeil alimentées par l’hyperconnexion numérique, les décalages horaires et une conjonction de soucis professionnels et personnels. Pendant des mois j’eus l’impression d’être un légume, privé de capacités cognitives.

Depuis cet incident de santé, la vie est plus saine. Le sommeil en est la pierre angulaire. Le cerveau est redevenu actif, plus qu’avant : les idées et les livres fusent.

Le suivi des progrès des neurosciences permet désormais d’expliquer ce qui est arrivé. Le vrai burn-out ressemble à un AVC, avec une grosse perte de capacité neuronale. Notre équipe a proposé de le renommer « Effondrement Cérébral par Epuisement ». Heureusement les neurones se renouvellent en 24 mois, et les réseaux neuronaux se reconstituent mieux quand les reins fonctionnent bien. Ces reins interagissent avec le cerveau. Une convalescence avec une bonne hydratation, de l’exercice physique et beaucoup de convivialité, aura permis non seulement de regénérer mon cerveau, mais sans doute également de développer de nouvelles capacités non maîtrisées auparavant, comme l’écriture de longs textes, et des aptitudes d’anticipation. J’ai vraiment la sensation d’avoir un cerveau différent par rapport à celui de la vie d’avant burn-out.

De la thèse au CREDIR : une belle mobilisation. ACTE 2.

Très rapidement après ma thèse, le projet du CREDIR a vu le jour. Nous nous sommes installés dans un lieu splendide à Kaysersberg Vignoble grâce au Président du Conseil Général du Haut Rhin, Charles Buttner et au Président du CEEJA, André Klein. Les proches et leurs réseaux se sont mobilisés. De nombreuses rencontres improbables et fructueuses sont intervenues depuis 2012. Une formule de stage de 3 jours a été lancée il y a 9 ans. Le succès ne s’est jamais démenti. Puis il y eut les missions en entreprises. Et la recherche scientifique. Et les émules : CREDIR Belux, CREDIR Sport, CREDIR Next Gen, etc. Nous bouclons ces 10 ans avec une croissance de 50% en un an. De plus en plus de bonnes volontés nous rejoignent. La pérennité est garantie, avec une implantation prévue sur plusieurs continents.

L’efficacité du CREDIR est liée à ses bases scientifiques et au fait que nous effectuons toujours un travail collectif entre experts de différents métiers, notamment des médecins et des pairs. Un professionnel en difficulté ou une problématique d’entreprise feront l’objet d’une analyse collective et interdisciplinaire. C’est ainsi que nous avons pu initier le concept de Qualité de Vie Globale (#QVG), open-source et reconnu.

En 10 ans, nous avons construit l’ONG qui lutte contre l’épuisement des humains.

L’acte 1 et l’acte 2 sont déjà tellement porteurs que beaucoup se diraient, au terme de 4 décennies de vie professionnelle : calmons-nous et consolidons ce qui a été construit.

NON. Impossible de rester silencieux face à l’épuisement humain.

Trop souvent, nous avons été les témoins de vies gâchées, de décès qui n’auraient pas dû arriver (accidents, maladies, suicides), à cause de cerveaux épuisés.

Trop souvent, nous avons été les témoins de métiers ou de jobs quittés par erreurs d’analyse de cerveaux épuisés.

Trop souvent, nous avons été les témoins d’histoires d’amours (ou d’amitiés) gâchées par des cerveaux épuisés qui ne discernent plus que le négatif, et oublient l’essentiel.

Trop souvent, nous avons été les témoins de périodes douloureuses qui durent trop longtemps avant le rebond à cause de cerveaux épuisés.

L’épuisement des cerveaux gâche et stoppe des vies. Cela continue à s’aggraver.

Nous allons dans le mur. Si nous n’agissons pas, il n’y aura pas assez de forces vives, de neurones, pour relever les défis climatiques. L’existence de l’humain sur la planète terre est menacée par le réchauffement climatique. Mais l’hyperviolence et le délabrement sanitaire engendrés par l’overdose numérique pourraient conduire à une autre extinction.

 We have a dream : trouver le marqueur objectif de l’épuisement. ACTE 3.

Notre combat dans les 10 prochaines années consiste à faire émerger un marqueur objectif de l’épuisement et à répandre la pédagogie de la Qualité de Vie Globale.

A la réflexion puis au travail ! Ce livre collaboratif est une étape essentielle dans ce CRI REVE.